Éditions Antérieures

Lauréat 2012
25 mai 2013
Thierry-Beinstingel

Thierry Beinstingel

 

Le prix Eugène Dabit du roman populiste 2012 a été décerné à Thierry Beinstingel pour son roman Ils désertent, paru aux éditions Fayard.

Lire l’allocution de Thierry Beinstingel prononcée lors de la remise du prix.

Résumé de l’ouvrage :

Ses collègues l’appellent l’« ancêtre » ou l’« ours », peu importe le surnom, pourvu qu’on lui concède sa vie de solitude sur les routes. Il est VRP en papier peint depuis quarante ans. Soudain sa hiérarchie voudrait qu’il vende aussi des canapés. Mais quand il songe au temps qu’il a fallu à l’espèce humaine pour apprendre à se tenir debout, il juge cette évolution déshonorante. D’où lui vient une telle idée. Peut être de la correspondance de Rimbaud… Car, en chemin, toujours, il emporte les oeuvres du plus célèbre voyageur de commerce. (suite…)

Thierry Beinstingel : Discours de remise du Prix Eugène Dabit du roman populiste 2012
12 décembre 2013

« J’ai eu le prix Eugène Dabit du roman populiste : c’est une grande, très grande joie ! Une des raisons de mon immense plaisir date de trente quatre ans et remonte à l’année de ma rencontre toute fictive avec René Fallet.

L’intermédiaire entre nous est son premier roman, Banlieue Sud Est, qu’il a publié à 19 ans, en 1947. On est 31 ans plus tard, j’ai tout juste 20 ans, je viens de débarquer à Paris, après avoir erré à Toulouse pendant quelques mois, suffisamment longtemps pour décider de m’acheter un cahier et de le couvrir de cinquante pages d’un début de premier roman.

Probablement que cette proximité m’a attiré : la banlieue que j’apprenais à connaître en même temps que l’écriture, l’inévitable comparaison avec nos deux âges presque identiques au moment de cette première inspiration.

Si un pèlerinage à Villeneuve Saint Georges où je n’ai rien reconnu de son livre m’a montré l’écart d’une génération, qu’importe, le pli était pris : je marcherais sur ses traces… Le reste était une question de temps, vivre, écrire, les deux mélangés comme il l’avait par ailleurs toujours fait.

Ainsi, en 2000, lors de la parution de mon premier livre, à plus de quarante ans, j’avais la sensation d’une identique jeunesse. J’avais, à cette époque, avalé tout ce qui concernait l’auteur des mes vingt ans, lu tous ses romans, compulsé le livre d’entretiens et de témoignages Splendeurs et misères de René Fallet (paru la même année que mon arrivée à Paris), attendu avec impatience chez mon libraire les trois tomes de ses Carnets de jeunesse, étalés entre 1990 et 1994. Je n’ignorais pas qu’il avait obtenu le prix populiste en 1950 (le seul auteur qu’on a récompensé pour « l’ensemble de son œuvre » à l’âge de 22 ans et demi, soit trois livres en trois ans, Banlieue Sud Est, La Fleur et la Souris et Pigalle). Et même aujourd’hui, je sais  retrouver à coup sûr dans ses écrits tout ce qui a trait à cet évènement.

Cependant, l’idée de marcher sur ses traces ne s’est jamais vraiment réalisé, tant finalement l’époque avait changé et moi aussi. Après neuf livres et un destin différent, je me retrouve à l’âge exact où il avait écrit à son neveu Gérard Pusey en mars 82 « Perec est mort et je ne me sens pas très bien moi-même ». Quelques mois plus tard il avait rejoint  Georges Brassens chez les enfants du paradis.

Au moment précis où le prix populiste, revigoré du nom d’Eugène Dabit vient frapper à ma porte, je viens de lire Hôtel du Nord, quatre mois auparavant. Et bien sûr, je n’ose y croire, tant de coïncidences… Pourtant, ça s’affirme : après la première sélection, je me retrouve dans l’ultime choix, se pourrait-il que ? Par un hasard improbable ? Les signes se multiplient : je suis hébergé ainsi à l’Hôtel du Nord à Besançon pour le festival littéraire des Petites Fugues. J’y suis encore deux jours avant le verdict.

Et lorsque la nouvelle éclate, je ne sais plus quoi dire, alors je fanfaronne : Jean-Paul Sartre a accepté le prix populiste en 1940, alors qu’il a refusé le prix Nobel en 1964. Tiens, d’ailleurs, c’est également en 1964 que René Fallet reçoit le prix Interallié pour Paris au mois d’août …

Et voilà, je reprends à nouveau en pleine poire René Fallet et l’obsession de mes vingt ans :

Banlieue Sud Est et son incipit : « je suis le type qui possède l’amour. D’un seul mot je le donne, d’un seul geste je l’arrache » 

La fleur et la souris avec la préface de Michel Audiard que le sort  a inversé : «Quand René Fallet sera mort, j’écrirai une ode que Brassens mettra en musique. » 

« Pigalle, cette nuit là étouffait de chaleur » : c’est la dernière phrase de cette trilogie qui lui a valu le prix populiste.

Populiste ? « Quelque chose de gris et triste s’attache à ce mot de populiste », disait-il encore, « Je ne suis ni triste, ni gris. Et je ne suis pas un fromage pour accepter une étiquette ».  

Il a raison, beaucoup de noms en « iste » sont tristes : capitaliste, arriviste, carriériste, intégriste, raciste, fasciste, dentiste… Vous avez bien fait de changer le nom du prix : Eugène Dabit : « un type que j’aurais aimé connaître ». Et c’est encore une citation de René Fallet.

Avec mes remerciements… »

Thierry Beinstingel

4 décembre 2012

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Remise du prix Eugène Dabit 2012
11 novembre 2012

La remise du prix et d’une récompense de 3 000 euros au lauréat par Patrick Braouezec, président de Plaine Commune, est prévue le 3 décembre 2012, à 19 heures, à l’Hôtel du Nord, quai de Jemmapes. 75010 Paris. Venez nombreux !

Deuxième sélection 2012
10 novembre 2012

Ont été retenus en dernière sélection les 5 romans suivants :

  • Thierry Beinstingel, Ils désertent, Fayard
  • Jérôme Ferrari, Le Sermon sur la chute de Rome, Actes Sud
  • Marie-Hélène Lafon, Les Pays, Buchet-Chastel
  • Lionel-Edouard Martin, Anaïs ou les Gravières, Editions du Sonneur
  • Philippe Routier, Noces de verre, Stock.

Le lauréat 2012 sera désigné le 27 novembre 2012 par les membres du jury.

Première sélection 2012
10 octobre 2012

La liste des ouvrages retenue pour la première sélection du prix Eugène Dabit du roman populiste, édition 2012 est la suivante :

  • Richard Morgièvre, “United Colors of Crime”, Carnets Nord ;
  • Lionel-Edouard Martin “Anaïs ou les Gravières”, Editions du Sonneur ;
  • Claude Gutman, “Pardaillan” , Folies d’encre ;
  • Denis Labayle , “Noirs en blanc”, Dialogues ;
  • Philippe Routier, “Noces de verre”, Stock ;
  • Antoine Laurain , “Le Chapeau de Mitterrand”, Flammarion ;
  • Marie-Hélène Lafon, “Les Pays”, Buchet-Chastel ;
  • Corinne Royer “La Vie contrariée de Louise”, Héloïse d’Ormesson ;
  • Carl Adherhold, “Fermetures éclair”, Jean-Claude Lattès ;
  • Joy Sorman, “Comme une bête” , Gallimard ;
  • Thierry Beinstingel, “Ils désertent”, Fayard ;
  • Lucile Bordes, “Je suis la marquise de Carabas”, Editions Liana Levi ;
  • Isabelle Preste, “La Rencontre”, Belfond ;
  • Jérôme Ferrari, “Le Sermon sur la chute de Rome”, Actes Sud ;
  • Nathalie Démoulin, “La Grande bleue”, Le Rouergue ;
  • Gwenaëlle Aubry, “Partages“, Mercure de France ;
  • Fabien Marsaud (Grand Corps Malade), « Patients”, Don Quichotte.