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Gilles Marchand remporte le prix 2023

Portrait de Gilles Marchand a Paris le 17 aout 2022 Photo : Philippe Matsas

Le jury du prix Eugène Dabit du roman populiste a désigné le 19 avril Gilles Marchand lauréat du prix 2023 pour son roman Le Soldat désaccordé (Aux forges de Vulcain, juillet 2022).

Le soldat désaccordé, de Gilles Marchand est un roman puissant aux multiples registres. L’enquête autour d’une disparition, sur fond de Guerre de 14, s’étale sur 40 ans. Elle est menée par un poilu qui a perdu sa main, son amour et ses rêves et qui se fait détective pour enquêter sur un autre amour déchiré entre France et Alsace, entre classes opposées, entre front et hôpitaux. La richesse documentaire foisonnante du roman ranime ces milliers de vies perdues ou gâchées tandis qu’un subtil emboîtage amoureux trouve son émouvant nuage au ras des horreurs de la guerre.

Le style, tendu, repose sur une multitude de références poétiques, littéraires, musicales, historiques et politiques qui finissent de nourrir cette magnifique épopée romanesque dans l’entre-deux-guerres. Un roman calibré pour notre prix qui réunit brillamment « le peuple et le style »

Quatre romans en deuxième sélection du prix 2023

 

Le jury du prix Eugène Dabit du roman populiste a choisi de retenir quatre romans en deuxième sélection 2023 :

Leila Bouherrafa, Tu mérites un pays (Allary)

Diaty Diallo, Deux secondes d’air qui brûle (Le Seuil)

Gilles Marchand, Le soldat désaccordé (Aux forges de Vulcain)

Colin Niel, Darwyne (Le Rouergue)

Pour leur étonnante qualité d’écriture, pour leur ancrage dans les univers du peuple, d’ici ou d’ailleurs, d’hier ou d’aujourd’hui, chacun de ces quatre romans mérite grâce à son originalité, ses couleurs, son rythme et sa narration de recevoir cette année le prix Eugène Dabit du roman populiste.

Quatre romans et non cinq comme habituellement… La raison en est que les trois suivants, Christian Astolfi, Joseph Incardona et Marie-Hélène Lafon se sont retrouvés à égalité en cinquième position et que nous ne souhaitions pas étendre cette deuxième sélection à sept romans. Mais il va de soi que ces trois auteurs méritent pour leur talent et leurs superbes romans les mêmes éloges.

La désignation de la lauréate ou du lauréat aura lieu le 19 avril 2023 dans l’après-midi.

La cérémonie de remise du prix 2023 est prévue le 3 mai à 18 heures à l’Hôtel du Nord sous le parrainage, cette année, de l’écrivain Gérard Mordillat.

La dotation du prix Eugène Dabit du roman populiste est de 3 000 €.

Thierry Beinstingel : Discours de remise du Prix Eugène Dabit du roman populiste 2012

« J’ai eu le prix Eugène Dabit du roman populiste : c’est une grande, très grande joie ! Une des raisons de mon immense plaisir date de trente quatre ans et remonte à l’année de ma rencontre toute fictive avec René Fallet.

L’intermédiaire entre nous est son premier roman, Banlieue Sud Est, qu’il a publié à 19 ans, en 1947. On est 31 ans plus tard, j’ai tout juste 20 ans, je viens de débarquer à Paris, après avoir erré à Toulouse pendant quelques mois, suffisamment longtemps pour décider de m’acheter un cahier et de le couvrir de cinquante pages d’un début de premier roman.

Probablement que cette proximité m’a attiré : la banlieue que j’apprenais à connaître en même temps que l’écriture, l’inévitable comparaison avec nos deux âges presque identiques au moment de cette première inspiration.

Si un pèlerinage à Villeneuve Saint Georges où je n’ai rien reconnu de son livre m’a montré l’écart d’une génération, qu’importe, le pli était pris : je marcherais sur ses traces… Le reste était une question de temps, vivre, écrire, les deux mélangés comme il l’avait par ailleurs toujours fait.

Ainsi, en 2000, lors de la parution de mon premier livre, à plus de quarante ans, j’avais la sensation d’une identique jeunesse. J’avais, à cette époque, avalé tout ce qui concernait l’auteur des mes vingt ans, lu tous ses romans, compulsé le livre d’entretiens et de témoignages Splendeurs et misères de René Fallet (paru la même année que mon arrivée à Paris), attendu avec impatience chez mon libraire les trois tomes de ses Carnets de jeunesse, étalés entre 1990 et 1994. Je n’ignorais pas qu’il avait obtenu le prix populiste en 1950 (le seul auteur qu’on a récompensé pour « l’ensemble de son œuvre » à l’âge de 22 ans et demi, soit trois livres en trois ans, Banlieue Sud Est, La Fleur et la Souris et Pigalle). Et même aujourd’hui, je sais  retrouver à coup sûr dans ses écrits tout ce qui a trait à cet évènement.

Cependant, l’idée de marcher sur ses traces ne s’est jamais vraiment réalisé, tant finalement l’époque avait changé et moi aussi. Après neuf livres et un destin différent, je me retrouve à l’âge exact où il avait écrit à son neveu Gérard Pusey en mars 82 « Perec est mort et je ne me sens pas très bien moi-même ». Quelques mois plus tard il avait rejoint  Georges Brassens chez les enfants du paradis.

Au moment précis où le prix populiste, revigoré du nom d’Eugène Dabit vient frapper à ma porte, je viens de lire Hôtel du Nord, quatre mois auparavant. Et bien sûr, je n’ose y croire, tant de coïncidences… Pourtant, ça s’affirme : après la première sélection, je me retrouve dans l’ultime choix, se pourrait-il que ? Par un hasard improbable ? Les signes se multiplient : je suis hébergé ainsi à l’Hôtel du Nord à Besançon pour le festival littéraire des Petites Fugues. J’y suis encore deux jours avant le verdict.

Et lorsque la nouvelle éclate, je ne sais plus quoi dire, alors je fanfaronne : Jean-Paul Sartre a accepté le prix populiste en 1940, alors qu’il a refusé le prix Nobel en 1964. Tiens, d’ailleurs, c’est également en 1964 que René Fallet reçoit le prix Interallié pour Paris au mois d’août …

Et voilà, je reprends à nouveau en pleine poire René Fallet et l’obsession de mes vingt ans :

Banlieue Sud Est et son incipit : « je suis le type qui possède l’amour. D’un seul mot je le donne, d’un seul geste je l’arrache » 

La fleur et la souris avec la préface de Michel Audiard que le sort  a inversé : «Quand René Fallet sera mort, j’écrirai une ode que Brassens mettra en musique. » 

« Pigalle, cette nuit là étouffait de chaleur » : c’est la dernière phrase de cette trilogie qui lui a valu le prix populiste.

Populiste ? « Quelque chose de gris et triste s’attache à ce mot de populiste », disait-il encore, « Je ne suis ni triste, ni gris. Et je ne suis pas un fromage pour accepter une étiquette ».  

Il a raison, beaucoup de noms en « iste » sont tristes : capitaliste, arriviste, carriériste, intégriste, raciste, fasciste, dentiste… Vous avez bien fait de changer le nom du prix : Eugène Dabit : « un type que j’aurais aimé connaître ». Et c’est encore une citation de René Fallet.

Avec mes remerciements… »

Thierry Beinstingel

4 décembre 2012

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Vive le populisme, ma mère, vive le populisme !

Article de Maxime Vivas, publié sur le site Le Grand Soir le 11 Novembre 2010

Donne un cheval à l’homme qui a dit la vérité. Il en aura besoin pour s’enfuir » ( proverbe arabe).

Ah, en auront-ils roulé dans la farine, empaqueté, bâillonné, des gens de
gôche, non pas parce qu’ils ne pouvaient se défendre et ameuter, mais parce qu’ils avaient cru utile de parler en toutes circonstances comme au sortir de l’ENA ou du salon de la baronne et de ne lutter qu’à coups de soufflets de gants de pécari, face à ceux qui nous insultent, nous rossent et nous détroussent !

Ah, ces gens de gôche en auront-ils fait des ronds de jambes et des simagrées élégantes, de peur qu’on les confonde avec les rustres qu’ils prétendent défendre et dont ils espèrent les suffrages afin de poursuivre, un brin d’humanité en plus, la même politique que les petits marquis et les barons, héritiers des maîtres des Forges, ceux que stigmatisèrent jadis tant d’intellectuels, dont Zola qui commit entre autres Germinal et qui fut qualifié de « sanglier qui écrit des choses à ce point hideuses qu’elles donnent la nausée », de «  Hugo en plus grossier , non décapé, brut de fonderie », de « trivial et pornographique », qui fabrique « la laideur, l’ordure » par son écriture « couleur de boue », « une littérature putride » qui « remue le fumier d’Augias ».

[…]

Lire la suite en ligne (site Le Grand Soir)

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Le « roman populiste » : enjeux d’une étiquette littéraire

Article de Marie-Anne Paveau – Revue Mots  –  Année   1998  – Volume   55 – pp. 45-59

Mots. Les langages du politique (ENS-Editions), est une revue créée en 1980 par Louis Bodin et Maurice Tournier, développe une approche pluridisciplinaire centrée sur les sciences du langage, du politique et de la communication.

Résumé de l’article :

Dans le roman français des années 1930, la figuration démocratique préoccupe les écrivains prolétariens, les communistes et les populistes, ces derniers fondant une « école ». Les remous autour de la remise du premier Prix Populiste à E. Dabit en 1931 montrent que l’étiquette populisme sert davantage une volonté de domination du champ littéraire qu’une réelle réflexion sur la question du peuple en littérature.

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Lire l’article en ligne (site Persée.fr)

Actualités

19 avril 2023

> Gilles Marchand remporte le prix 2023

Portrait de Gilles Marchand a Paris le 17 aout 2022 Photo : Philippe Matsas

Le jury du prix Eugène Dabit du roman populiste a désigné le 19 avril Gilles Marchand lauréat du prix 2023 pour son roman Le Soldat désaccordé (Aux forges de Vulcain, juillet 2022).

Le soldat désaccordé, de Gilles Marchand est un roman puissant aux multiples registres. L’enquête autour d’une disparition, sur fond de Guerre de 14, s’étale sur 40 ans. Elle est menée par un poilu qui a perdu sa main, son amour et ses rêves et qui se fait détective pour enquêter sur un autre amour déchiré entre France et Alsace, entre classes opposées, entre front et hôpitaux. La richesse documentaire foisonnante du roman ranime ces milliers de vies perdues ou gâchées tandis qu’un subtil emboîtage amoureux trouve son émouvant nuage au ras des horreurs de la guerre.

Le style, tendu, repose sur une multitude de références poétiques, littéraires, musicales, historiques et politiques qui finissent de nourrir cette magnifique épopée romanesque dans l’entre-deux-guerres. Un roman calibré pour notre prix qui réunit brillamment « le peuple et le style »

16 avril 2023

> Quatre romans en deuxième sélection du prix 2023

 

Le jury du prix Eugène Dabit du roman populiste a choisi de retenir quatre romans en deuxième sélection 2023 :

Leila Bouherrafa, Tu mérites un pays (Allary)

Diaty Diallo, Deux secondes d’air qui brûle (Le Seuil)

Gilles Marchand, Le soldat désaccordé (Aux forges de Vulcain)

Colin Niel, Darwyne (Le Rouergue)

Pour leur étonnante qualité d’écriture, pour leur ancrage dans les univers du peuple, d’ici ou d’ailleurs, d’hier ou d’aujourd’hui, chacun de ces quatre romans mérite grâce à son originalité, ses couleurs, son rythme et sa narration de recevoir cette année le prix Eugène Dabit du roman populiste.

Quatre romans et non cinq comme habituellement… La raison en est que les trois suivants, Christian Astolfi, Joseph Incardona et Marie-Hélène Lafon se sont retrouvés à égalité en cinquième position et que nous ne souhaitions pas étendre cette deuxième sélection à sept romans. Mais il va de soi que ces trois auteurs méritent pour leur talent et leurs superbes romans les mêmes éloges.

La désignation de la lauréate ou du lauréat aura lieu le 19 avril 2023 dans l’après-midi.

La cérémonie de remise du prix 2023 est prévue le 3 mai à 18 heures à l’Hôtel du Nord sous le parrainage, cette année, de l’écrivain Gérard Mordillat.

La dotation du prix Eugène Dabit du roman populiste est de 3 000 €.

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