Trois questions à… Jean Vautrin

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Président d’honneur du jury, l’écrivain Jean Vautrin résume l’esprit du Prix populiste, devenu Prix Eugène Dabit du roman populiste, une distinction littéraire qui n’a pas cesser de faire rimer engagement avec humanité.

 

 

Comment est né le Prix Populiste ?

Il est créé en 1929 avec l’objectif de couronner un roman mettant en scène le peuple. A l’époque, la démarche correspond à une vraie lignée d’écrivains. En leurs temps, Victor Hugo, Emile Zola et Jules Vallès auraient fait partie des lauréats. En 1931, Eugène Dabit est récompensé pour Hôtel du Nord ; cela met un coup de projecteur sur l’événement qui gagne en importance au fil des années. Romain Rolland, Jean-Paul Sartre, Bernard Clavel, Louis Guilloux… toutes ces grandes plumes ont obtenu le Prix Populiste !

D’où vient le mot « populiste » ?

Le terme est issu du Populisme, mouvement littéraire et artistique fondé en même temps que le Prix. Depuis, hélas, le mot a été galvaudé. Le Prix Populiste en a d’ailleurs subi les conséquences puisque, à la fin des années 70, il s’éteint pendant quelques années, victime de sa terminologie, avant d’être restauré par l’Association pour la Restauration du Prix Populiste.

Comment s’inscrit le Prix Populiste dans la littérature d’aujourd’hui ?

La philosophie reste la même : rendre compte de la réalité sociale, au sens large bien entendu. Malheureusement, aujourd’hui, la mode, c’est d’écrire sur son nombril. La barbarie dans laquelle nous vivons actuellement devrait pourtant nous inciter à nous pencher sur ces questions sociales. Au lieu de cela, nous sommes submergés par la littérature people. Même les Américains, qui, eux, cultivent une littérature sociale, rigolent de cette tendance exhibitionniste en vogue dans l’Hexagone.

 

Actualités

7 mars 2025

> Première sélection du prix Eugène Dabit du roman populiste 2025

Réuni le 6 mars 2025, le jury du prix Eugène Dabit du roman populiste a retenu neuf romans pour sa première sélection :

Christian Astolfi, L’œil de la perdrix (Le bruit du monde)

Sophie Brocas, Le Lit clos (Mialet-Barrault)

Jerôme Chantreau, L’affaire de la rue Transnonain (La Tribu)

Jean-Marc Fontaine, Trois fois la mort de Samuel Ka (Globe)

Carole Martinez, Dors ton sommeil de brute (Gallimard)

Clémentine Mélois, Alors c’est bien (L’arbalète Gallimard)

Judith Perrignon, Nous nous parlons d’un lieu où tout est fragile (L’Iconoclaste)

Bérénice Pichat, La Petite Bonne (Les Avrils)

Jeanne Rivière, Lorraine brûle (Sygne Gallimard)

Originalité des récits, des écritures, des éditeurs, la première sélection du prix Eugène Dabit du roman populiste 2025 propose une mosaïque éclairante de ce que la littérature peut offrir aujourd’hui de plus perspicace quand elle s’attache à décrire à fleur de peau des parcours méconnus et grandioses.

La complicité des cultures, les flammes du combat, celles de l’abjection des dominants pour asservir un peuple, la violence qui s’exerce dans les périphéries, la puissance insoupçonnée des rêves de l’enfance, la force bouleversante et créatrice du deuil, la sortie d’un être du néant, la tendre opportunité des déterminismes sociaux ou la mèche rallumée d’une province invisibilisée sont autant de thèmes brillamment traités.

C’est encore l’engagement du prix Eugène Dabit du roman populiste qui s’exprime dans cette sélection : soutenir la qualité de l’écrit lorsqu’il sert une littérature inventive, de conviction et d’humanité.

  • La prochaine sélection, de cinq titres ou moins, est prévue le 24 mars 2025.
  • La désignation de la lauréate ou du lauréat est attendue pour le 2 avril 2025.
  • La cérémonie de remise du prix 2025 se déroulera le 30 avril à 17 h 30 à l’Hôtel du Nord.

12 avril 2024

> Sorj Chalandon remporte le prix Eugène Dabit du roman populiste 2024

Le jury du prix Eugène Dabit du roman populiste réuni le 11 avril a désigné au premier tour Sorj Chalandon lauréat du prix 2024 pour son roman L’Enragé (Grasset, 2023).Sorj Chalandon nous propose avec son Enragé un très grand roman qui a touché les membres de notre jury et emporté immédiatement sa conviction : « Le peu

ple plus le style ». Un style qui cogne, au scalpel pour sa précision, sa finesse et la profondeur du trait, au marteau pour sa puissance.

Ancré dans l’entre-deux-guerres, en 1934, le récit de l’évasion des 56 révoltés de la terrible colonie pénitentiaire pour mineurs de Belle-Île-en-Mer et du parcours libérateur de Jules Bonneau, « La Teigne », seul fuyard non repris, n’évoque pas seulement la cruauté d’une zone de non-droit. Il nous parle d’aujourd’hui, du terreau et des engrais de la violence, de l’imbécilité d’une autorité qui veut dompter, asservir ou détruire. Sorj Chalandon dénonce avec force les espaces concentrationnaires de la pensée que porte « la meute des honnêtes gens qui fait la chasse à l’enfant », selon ce vers de Jacques Prévert sollicité par le roman.

Sorj Chalandon, Paris, Avril 2023 @JF PAGA

Rarement un livre a fait à ce point écho à ce qui fonde depuis bientôt un siècle l’existence du prix Eugène Dabit du roman populiste : le peuple, dans sa vérité crue, dans son humanité. Dans cette aptitude à la révolte qui substitue aux chaînes qui l’entravent d’autres chaînes faites d’espoir, de mains tendues, de résistance, de culture et de solidarité.

La cérémonie de remise du prix 2024 à Sorj Chalandon se déroulera le 25 avril à 17 heures 30, à l’Hôtel du Nord. Tous les amis du prix sont invités à partager ce moment littéraire et festif sur inscription.L’écrivain Gilles Marchand, lauréat du prix en 2023, parrainera l’événement.

 

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