Comme des gueules d’atmosphère

Hugo Boris en compagnie de Douglas Kennedy, le 16 décembre 2016 à l’Hôtel du Nord de Paris. Photo : Mo Fischer

Le petit peuple du prix avait trouvé son style, ce 16 décembre, pour la remise de sa récompense à Hugo Boris, lauréat 2016 auteur de l’excellent roman Police (Grasset), cérémonie parrainée cette année par l’écrivain américain Douglas Kennedy.
Accueil aux petits oignons, stylé lui aussi mais sans affectation, simplement populaire et distingué, chic et chaleureux, dans l’élégante avant-salle de l’Hôtel du Nord où l’on se souvint notamment que cette histoire d’atmosphère qui collait si bien à l’endroit avait totalement échappé au roman original d’Eugène Dabit, notre premier lauréat, en 1931, la paternité de la réplique revenant à Henri Jeanson pour le film de Marcel Carné.
De l’atmosphère, il n’en manqua pas autour des petits plats tendance Tadjik à succès concoctés par MERCY FANNY, sous la houlette de Françoise Guida-Davin. Histoire de faire le plein, le plein de (bons) mots et de sourires, de partages, de connivences et d’assurance mutuelle de tout ce qu’avait de noble, de respectueux du peuple et de son humanité le populisme appliqué à ce genre littéraire que notre prix soutient depuis 85 ans.
Anciens lauréats comme Shumona Sinha ou Thierry Beinstingel, amis du Prix, auteurs-es, éditeurs, journalistes, une soixantaine de personnes ont participé à cette rencontre. Autour d’un parrain de marque, l’écrivain américain et Parisien de cœur Douglas Kennedy, venu témoigner des grandes qualités littéraires, à son goût, de notre lauréat Hugo Boris et s’interrogeant avec lui : « Comment être soi, chaque jour, à chaque instant, dans le monde tel qu’il va ? »

Hugo Boris lauréat 2016

police-bandeauRéuni à l’Hôtel du Nord le 24 novembre 2016, le jury a désigné comme lauréat, après une discussion serrée, Hugo Boris pour son roman Police, publié par Grasset.
Très proches au score, les livres de Guy Boley (Fils du feu, Grasset) et de Magyd Cherfi (Ma part de Gaulois, Actes Sud) ont également fortement séduit le jury. Le premier pour l’excellence de son style et sa puissance d’évocation. Le second pour son ancrage fort dans la réalité de la vie de nos quartiers et pour l’engagement talentueux de son auteur au service de l’enrichissement commun par la diversité et la mixité des cultures d’origines.
Mais au troisième tour, c’est finalement Hugo Boris que le jury décidait de récompenser. Avec une précision quasiment chirurgicale, Police raconte de l’intérieur de leurs consciences les doutes et questionnements de policiers chargés de reconduire un sans-papiers à la frontière. Jusqu’à quel point faut-il obéir ? Par la tension de son récit, la subtilité et l’originalité de sa construction, la finesse de son écriture, la caractérisation de ses personnages, Hugo Boris nous propose un brillant voyage au cœur de l’humain, lorsque l’individu suit par obligation des trajectoires qui trahissent ses valeurs. Un grand roman.

Les cinq titres de la deuxième sélection 2016

Tous très réussis, les titres apparus en deuxième du prix Eugène Dabit du roman populiste ont obtenu des scores serrés. Le choix du lauréat, qui interviendra le 24 novembre 2016, n’en sera que plus difficile.

Ont été remarqués cette année :

aderholdCarl Aderhold
Rouge
Les Escales

Kaouther adimiAdimi  
Des Pierres dans ma poche
Seuil

boley_couvGuy Boley
Fils du feu
Grasset

borisHugo Boris
Police
Grasset

cherfiMagyd Cherfi
Ma part de Gaulois
Actes Sud

 

 

 

 

 

La remise du prix Eugène Dabit, ouverte au public, aura lieu le 16 décembre 2016,
à 18 heures, à l’Hôtel du Nord (1), autour d’un apéritif gourmand imaginé par Mercy Fanny.

Cette année, l’écrivain américain Douglas Kennedy sera parmi nous
pour la remise du prix.
Il parraine en effet notre événement et nous fait le plaisir de partager
cette manifestation littéraire.

(1) Hôtel du Nord, 102, quai de Jemmapes 75010 Paris. Tél. : 01 40 40 78 78.

Onze auteurs en première sélection du prix Eugène Dabit du roman populiste 2016

Le jury du Prix Eugène Dabit du Prix du roman populiste a retenu cette année
onze titres dans sa première sélection.
Son choix est le suivant :

Carl Aderhold, Rouge, Les Escales;
Kaouther Adimi, Des Pierres dans ma poche, Seuil;communique05-10-16selec10
Blick Blassy, Le Moabi Cinéma, Gallimard;
Guy Boley, Fils du feu, Grasset;
Hugo Boris, Police, Grasset;
Magyd Cherfi, Ma Part de Gaulois, Actes Sud;
Béatrice Fontanelle, Le train d’Alger Stock;
François Garcia, Le Remplacement, Verdier;
Emmanuel Grand, Les Salauds devront payer, Liana Levi;
Denis Lemasson, Nous traverserons ensemble, Plon;
Charles Robinson, Fabrication de la guerre civile, Seuil.
 
Une seconde sélection, de cinq titres, sera annoncée autour du 15 novembre 2016.
La désignation de la lauréate ou du lauréat est prévue le 24 novembre 2016,
à l’Hôtel du Nord (1), partenaire de notre prix, où se réunira le jury pour un déjeuner de délibération.
Le résultat sera annoncé publiquement ce même jour vers 14 h 30 dans ce lieu hautement symbolique où perdure la mémoire d’Eugène Dabit, premier lauréat du Prix populiste pour son célèbre « Hôtel du Nord », en 1931.

La remise du prix Eugène Dabit, ouverte au public, est prévue le 16 décembre 2016, à 18 heures, à l’Hôtel du Nord, autour d’un apéritif gourmand imaginé par Mercy Fanny.
L’éminent écrivain américain Douglas Kennedy sera parmi nous, ce 16 décembre, à l’Hôtel du Nord. Il parraine en effet notre événement, nous faisant le plaisir et l’honneur de sa participation à cette manifestation littéraire.

 
(1) Hôtel du Nord, 102, quai de Jemmapes 75010 Paris. Tél. : 01 40 40 78 78.
 
 
Actualités

5 mai 2025

> Clémentine Mélois reçoit le prix 2025… alors c’est bien

 

 

Clémentine Mélois est lauréate du prix 2025 pour son roman Alors c’est bien (L’Arbalète, Gallimard, 2024). L’autrice propose avec ce ré

cit une œuvre d’une grande sensibilité qui a ému et convaincu les membres du jury, emportant une décision finale résumée par l’un des jurés : « Ce livre donne envie de vivre ». E

t si la mort ne pouvait être qu’une fête ? Et la fin le début d’un recommencement ? Le pari de Clémentine Mélois est tenu pour rendre hommage à son père dans la préparation de brillantes et lumineuses obsèques. Le jour de fête est génialement bricolé, partagé avec l’entourage du disparu, les gens du village. Il est célébré dans un cérémonial pensé jusque dans ses moindres détails par le défunt lui-même et où l’art conservera toujours le maître-mot pour supplanter les douleurs du deuil et transporter l’artiste dans un au-delà bien terrestre, celui de nos mémoires.

Le 30 avril 2025, à L’Hôtel du Nord, en présence des amis du prix, du jury, de Daniel Picouly parrain de l’année, de Gilles Marchand et de Violaine Schwarz ancien.nes lauréat.es, Hugo Boris, membre du jury, a prononcé un hommage qui exprimait bien ce que fut l’émotion du jury à la lecture de l’ouvrage de Clémentine Mélois. Il le résumait en ces mots :

« Clémentine Mélois, j’ai une confession à vous faire.Je déteste m’habiller, c’est le drame de ma vie. Je n’ai pas de goût, je m’habille toujours un peu de la même façon. J’ai un vestiaire fruste. Je tourne sur 3 ou 4 vêtements, toujours les mêmes.Mais ce matin, grâce à vous, c’était facile : je savais que je voulais porter du bleu. Je vous demande pardon, j’avais pas beaucoup de choix. Mais j’ai pris le bleu qui me paraissait le plus proche du bleu RAL 5002 dans le système de codification des couleurs, le bleu dit outre-mer, le bleu plaque de rue, celui du tablier de la laitière de Vermeer, celui du manteau de la vierge,celui du plafond de la Sainte-Chapelle, celui qu’on appellera bientôt le bleu « Bernard Mélois »

Bernard Mélois, c’est votre père, sculpteur né en 1939 et mort en 2023. Un homme modeste, qui ne faisait pas de concessions à l’argent, au capitalisme, au monde marchand, que vous avez enterré comme un pharaon.dans un cercueil que vous avez peint de ce fameux bleu. Dans un cercueil où vous avez glissé des objets du quotidien comme les pharaons qui étaient enterrés avec des objets du quotidien destinés à l’au-delà. Dans son cas : un chalumeau et des galettes bretonnes.

En vérité, vous ne lui avez pas confectionné 1, mais 2 tombeaux. Il y a ce fameux cercueil, mais il y a aussi ce livre que nous célébrons ce soir, le vôtre, qui est aussi un tombeau. Au sens où il appartient au « genre » du tombeau, tombeau qui peut être poétique ou musical, écrit à une ou plusieurs mains, et qui rend hommage à un disparu.

Et quel hommage ! Vous écrivez que votre famille est « inapte au malheur ». Votre livre est à l’image de cette inaptitude. Vous parvenez à nous parler de la mort sans tristesse, sans nous faire de clef de bras pour forcer notre émotion, sans sensiblerie ni racolage. Si bien que ce but que vous feignez de dédaigner, vous l’atteignez : vous nous émouvez.

J’ai questionné mes camarades du prix pour savoir ce qui, eux, leur avait tant plu. Permettez-moi de vous lire quelques mots choisis :

« Je comparerais à une chanson guitare-voix ou piano-voix, évidente, qui sonne comme un classique à la première écoute, mais dont la solidité a été travaillée pendant des heures. Pour parvenir à cette pseudo évidence, il a fallu en éviter des écueils, faire mille choix, trouver le fil très fin sur lequel on joue à l’équilibriste. Ça veut dire ne pas se perdre, ne pas se laisser aller à raconter tout et n’importe quoi… Ça veut dire que chaque phrase est sur le bon fil, maitrisée, pensée, solide pour ne pas que ça bascule. Ça veut dire aussi éviter les effets de manche, ne pas se laisser happer par la virtuosité, même si on en est capable, ne pas chercher à en mettre plein la vue, ne pas sur-écrire – ce qui est, en soi, en ce qui me concerne, et vu tout ce que je lis, une force immense. »

« C’est un livre tendre, c’est un livre qui dit l’amour possible, y compris en famille, et c’est à contre-courant. » Alors c’est bien.

« C’est un livre qui parle des artistes comme de travailleurs, et même de travailleurs acharnés, et ça, ça nous sort des poncifs hérités du XIXème siècle, l’artiste maudit, l’artiste génial, le poitrinaire frappé par la foudre. » Alors c’est bien.

Alors que ce livre parle de la mort de bout en bout, il y souffle un vent de joie et de liberté, il baigne dans la lumière. Vous avez réussi ce petit miracle de commettre un livre qui parle de la mort et qui nous aide à vivre.

Alors merci, Clémentine Mélois. »

 

24 mars 2025

> La deuxième sélection du prix Eugène Dabit
du roman populiste 2025

Le jury du prix Eugène Dabit du roman populiste a retenu cinq romans en deuxième sélection :

Christian Astolfi, L’Œil de la perdrix (Le bruit du monde)

Sophie Brocas, Le Lit clos (Mialet-Barrault)

Jérôme Chantreau, L’Affaire de la rue Transnonain (La Tribu)

Jean-Marc Fontaine, Trois fois la mort de Samuel Ka (Globe)

Clémentine Mélois, Alors c’est bien (L’Arbalète, Gallimard)

Voilà une nouvelle fois ce que la littérature peut offrir de plus convaincant quand elle s’attache à décrire sensiblement des parcours oubliés, méconnus, enfouis, mais exceptionnels, et à faire vivre ou ressusciter des personnages authentiques. 
Le peuple n’est pas ici seulement décor, il est pour ces plumes acérées la sève inspirante qui forge leurs récits.

La complicité des cultures entre deux rives méditerranéennes, les oripeaux du courageux combat des sardinières mené il y a un siècle en pays breton, la mitraille vengeresse des gardiens de l’ordre monarchiste en lisière de Marais, la mécanique de l’embrasement d’une cité, la force bouleversante et créatrice du deuil, ces thèmes sont brillamment illustrés, soutenus par le talent singulier des autrices et auteurs sélectionnés.

C’est encore l’engagement du prix Eugène Dabit du roman populiste qui s’exprime dans cette sélection : soutenir la qualité de l’écrit lorsqu’il sert une littérature inventive, de conviction et d’humanité.

  • La désignation de la lauréate ou du lauréat est prévue le 2 avril 2025. Elle sera communiquée ce même jour.
  • La cérémonie de remise du prix 2025, parrainée par l’écrivain Daniel Picouly, ancien lauréat du prix, se déroulera le 30 avril à 17 h 30 à l’Hôtel du Nord.
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